Annie Lunardi
Genèse
6 au 28 mai 2023
Le papier subit une véritable transformation suite aux différentes étapes de traitement qui sont en lien étroit avec la nature. Il n’est plus une simple feuille de papier mais fait partie d’une mémoire collective avec une histoire (papier froissé, déchirements, trous béants…). A partir des pigments de terre, je crée un monde organique qui va me permettre de prendre vie dans ce paysage.
Je crée mes œuvres selon le processus de la paréidolie (processus survenant sous l’effet d’un stimuli visuel ou auditif portant à reconnaître une forme familière dans un paysage, un nuage, une tache…).
Dans l’art, cette pratique est très ancienne puisqu’elle remonte au paléolithique. Les hommes des cavernes utilisaient les parois chaotiques des grottes pour élaborer leurs dessins afin d’apporter un volume, un mouvement, de la vie à leurs sujets.
Ma feuille de papier imprégnée de terre devient paroi. La surface : topologie sans profondeur qui recouvre la face du monde.
Cette volonté d’inscrire une dimension corporelle n’est pas sans rappeler la présence de la vie sous terre. C’est une invitation à plonger dans les limbes ; c’est là où je vais pour un retour à l’origine. Les cavités nous happent pour nous attirer dans une grotte, symbole de notre intériorité. Il faut descendre en soi pour se connaitre, visiter les entrailles de sa propre matière.
La grotte est symbole de maternité ; c’est se retrouver dans la matrice. Froide, humide, noire, elle est terrifiante et inhospitalière mais aussi protectrice du monde extérieur. Sa résonnance nous renvoie les sons de notre propre corps.
C’est mourir pour renaître, trouver le chemin en soi, ressentir une émotion ineffable, un miroir de l’âme.
Annie Lunardi